L'humilité de la lenteur

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Ceci m'est venu suite à la réflexion d'une copine qui m'a dit « Alors tu en où de ton livre ? » (Oui, je travaille sur mon troisième ouvrage). Il est vrai que je me suis sentie un peu bête, coincée voire même prise en faute par une culpabilité uniquement créée et nourrie par moi. Afin de m'extraire de cette impasse, j'ai donc secoué mes neurones dans la même ferveur qu'un sac de lettres de scrabble et suis arrivée à la réflexion suivante, qui est que l'écriture m'amène à devoir m'adapter à un nouveau constat : le temps de réalisation.

L'évidence, aussi probante et peu discrète que le nez au milieu de la figure, est qu'en tant qu'auteure, je ne peux pas créer et proposer un ouvrage dans le même rythme qu'un bijou ou tout autre objet en argile polymère par exemple, réalisé dans le cadre de ma micro-entreprise « Arbre à Couleur ». J'ai alors saisi, qu'avec le temps, je devais me confronter à cette implacable réalité aux contours saillants et parfois angoissants. Angoissant ? Mais pourquoi  me direz-vous?

Ceci me parait élémentaire pourtant.

Par crainte de tomber dans l'oubli d'une société dans laquelle produire est synonyme d'exister voire d'existence et par extension de reconnaissance. Alors dans la patience, j'apprivoise cette nouvelle matérialité et m'arrange avec mes vieux démons. J'expérimente toujours et encore, le fait qu'il persiste toujours une marge entre la détermination d'affirmer ma volonté d'avancer à contre courant et celle de pouvoir réellement y parvenir. Cela demande d'être en mesure de modifier ses habitudes et de savoir faire taire ses craintes réelles ou fantasmées, et donc d'accepter de trébucher, de douter, de se relever et ce pour continuer à avancer.

Cette évocation, qui je l'avoue, reste très personnelle, m'amène à ce simple mot aux valeurs nobles et fortes : Résister. Il s'agit bien de cela, la résistance contre la folle cadence et ses apprioris que nous dicte tous les jours les médias, les réseaux sociaux, nos dirigeants, et qui sais-je encore pour que l'on puisse ou doive se conformer à des moules ou à des systèmes érigés comme des modèles de bonheur absolus.

Ma prose quelque peu empesée, réside simplement pour rappeler que l'écriture est un art de lenteur et de recueillement. Elle donne lieu, dans un futur plus ou moins long, à la lecture qui revêt les même valeurs. Ce qui m'amène à penser que l'acte premier d'écriture est un acte de résistance, contre, mais surtout pour. Pour moi, car je m'épanouis et me retrouve pleinement dans l'humilité de cette lenteur. Pour être tout à fait honnête, j'ai hésité à employer le mot lenteur qui, si on n'y prend pas garde, pourrait fleurter aisément avec le mot paresse. Et puis, j'ai réalisé que ces sens avancés comme péjoratifs n'appartenaient qu'à ceux qui les déployaient comme tels. Cela ne m'appartient pas ou plus. Je suis libre !

PS : RESISTE. Ce mot comptabilise 7 points au scrabble, 14 si je débute la partie !

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