Mon premier salon du livre. Saison 1 - Épisode 1

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Il y a quelque temps, j'ai participé à mon premier salon du livre qui se déroulait à Chauvigny. Tous les ingrédients pour alimenter ma confiance et ma bonne humeur s'étaient donnés rendez-vous, une journée ensoleillée, un accueil chaleureux ainsi qu'une organisation et une communication exemplaires. J'avais hâte, avec un peu d'appréhension tout de même, de faire connaissance avec d'autres auteurs, de connaître leurs parcours, leur façons d'écrire, de rencontrer des gens. En bref, j'étais curieuse. Mais voilà !

Dès mon arrivée dans la salle j'ai découvert non pas mon stand mais ma place. Elle était là, identifiée par une étiquette maigrichonne qui n'attendait que moi. Je sortais mes livres et m'installais rapidement en faisant bien attention de ne pas empiéter sur les zones voisines seulement délimitées par le bon sens (ben oui, je n'avais droit qu'à 1 mètre !). Ça y est, j'y étais... Un espace réduit dans lequel je ressentais rapidement la désagréable impression d'être coincée et pour cause. Je me retrouvais là, encastrée dans une rangée, à la longueur presque infinie, dans un alignement digne d'un jeu de dominos qui n'aurait eu de style que dans la chute. Je m'asseyais et après un bref coup d’œil sur l'ensemble, je me sentais mal à l'aise. Très rapidement, mes voisines ont pris place à mes côtés et au vu de notre proximité imposée en attendant les visiteurs, nous avions comme possibilité soit de faire connaissance et de papoter soit de compter intérieurement le nombre de formes sur notre espace de nappe blanche impartie. Redoutant la crise de nerfs, j'optais pour la première solution.

C'est au fil des rencontres de la journée que j'ai compris les limites ainsi que les inconvénients de ce placement. Aucune intimité n'était possible entre les auteurs et les visiteurs. Même ma conviction la plus sincère ne put réellement créer ce lien à la limite de la confidence que j'avais déjà pu constater comme possible avec certaines personnes lors du salon Talents de Femmes à Châtellerault en mars dernier. Avec l'aménagement de Chauvigny, j'ai eu très vite l'impression de livrer en pâture mon histoire et mes ouvrages à toutes les oreilles voisines où éloignées, passantes où stagnantes. Chômage, rage de dent, handicap, liberté, bonheur, roman noir, presque à la criée, je vendais les mots de ma vie plutôt que de les partager. Peu à peu, ne percevant pas de lueurs dans les yeux de mes interlocuteurs, je n'y croyais plus. En silence, je ruminais et me remettais en question. Étais je si mauvaise que cela ? La couleur de mon chemisier peut-être ? Une mauvaise haleine alors ? La concurrence ? Plaisanterie mise à part, au fil des heures et des échanges, l'impression de banaliser et de ne pas respecter tout ce que j'avais traversé pour en arriver là m'imprégnais doucement mais sûrement. Je valais mieux que cela et ne pouvais plus me résoudre à balancer mes bouts de vie sans élan d'amour et de bienveillance. Obstacle supplémentaire et non des moindres, la position. En effet, la plupart du temps, la majorité des auteurs étaient assis et donc, ne souhaitant pas enfreindre un code dominant, je me suis astreinte, moi aussi à rester, comme tout le monde le séant vissé sur ma chaise. Ces différences de hauteur et de niveau m'ont dérangée et ont été une gêne pour et dans mes échanges. J'aurais pu ne pas me résoudre à cette majorité. Oui en effet, j'aurais pu !

Le temps défilant, je prenais donc le parti de raréfier mes phrases et d'adopter une attitude de retrait. Vendre mes livres oui mais pas à n'importe quel prix. Vivement 18 heures !

Mon soulagement fut dans ma rencontre avec Vincent et Sandrine, deux charmantes personnes et auteurs qui ont créé « une petite maison d'édition qui s'engage » portant le nom poétique d'éclico : www.eclico.com. Petite parenthèse, je vous engage vivement à aller découvrir leur travail qui, pour ma part, a été une lumière dans ma pénombre, fin de la parenthèse.

Soulagement, en effet car Sandrine et Vincent partageaient les mêmes impressions et les mêmes entraves que moi. Cela me soulageait.

Cette rencontre m'a en autre, (cf prochain billet d'humeur) permis de réaliser ce à quoi je ne voulais pas me soumettre et m'a donc obligée à considérer d'autres vecteurs de communication et de vente. Tiens, cela me rappelle un épisode précédent dans ma vie de créatrice ( cf billet d'humeur du mois de janvier).

Ce premier salon a été pour moi comme un signe pour me rappeler d'où je venais, où j'étais et vers quoi je tendais. Il m'a permis de réfléchir sur mes projets de vie à mener sans compromis ni compromissions. La liberté.

 

Il me paraît important de rajouter que mes ressentis vis-à-vis de ce salon n'engagent que moi et ma manière d'envisager les faits. Ce n'est pas parce que ce modèle ne me convient pas qu'il est à blâmer. Et pour être tout à fait juste bien d'autres critères seraient à étudier pour justifier mon maigre chiffre d'affaires réalisé. Mais après tout et avant rien, chacun sa route, chacun son chemin... (c'était, certes, pour la rime mais sincère!! )

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