Merci du fond du cœur

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Message d'un lectrice : 

« J’ai fini le livre ‘La quête de la Liberté intérieure’. J’ai mis du temps, mais j’avais besoin de le prendre pour apprendre et bien intégrer ce qui était écrit. Cela m’a permis de découvrir en moi des maux qui existaient depuis mon enfance, mais que je n’arrivais pas à décrire. À travers ce livre, je pense avoir compris certaines réactions, certaines émotions qui parfois me submergent…. Merci du fond du cœur. ». 

A. 

Il existe des moments de grâce, des moments dans lesquels le temps se pare d’éternité. Il y a peu, des minutes de ces instants bénis se sont, telle une bruine d’étoiles, dispersées sur mon existence. Elles ont réchauffé mon cœur, colorié mon âme de bonheur. Ce sont les mots de A. qui ont délicatement poussé cette joie jusqu’au seuil de ma nuit ; ces propos sont le fruit de sa lecture de « La quête de la liberté intérieure ». A., je ne la connais pas, je ne l’ai jamais vu, elle est entrée dans ma vie sur la pointe des pieds de la bienveillance comme personne (mis à part mes proches) n’avait su le faire jusqu’alors, depuis septembre, l’annonce du cancer. Alors que la maladie, tel un tsunami, déracinait violemment ma vie à la quiétude de l’ordinaire, elle a su et sait être présente. Ses préoccupations qui ne faiblissent jamais, ses sollicitations patientent, ses intentions à mon égard nichées dans son habituel, tout m’ait d’un doux et précieux réconfort. Elle est une personne comme peu de gens savent être, une femme qui a à cœur l’intérêt de l’autre, qui a chevillé au corps l’amour pour autrui et la nécessité du bien être de ses proches quitte à parfois s’oublier elle-même.

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Joyeuses Chimios

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Nausées, fatigue, diarrhée, épuisement, bouche pâteuse, sensibilité accrue à certaines odeurs, chaque effet secondaire de la chimiothérapie semblait patiemment s’essuyer les pieds sur le paillasson de mon existence avant d’y pénétrer sans y être invité et ce dans la ferme intention de la mettre à mal, de me mettre ko. Dans une attente perverse, une fièvre à plus de 39 degrés puis des inflammations buccales se sont invitées à une fête organisée sur les restes de mon être.

Dans cette joyeuse ambiance (ironique), certaines choses sont devenues secondaires comme les douleurs postopératoires liées à la pose de la chambre (dispositif nécessaire à pouvoir injecter les produits de la chimiothérapie), et ce malgré le fait que l’implantation du dispositif ne se résume en un seul terme : barbare. Pour chaque invité, il a fallu s’adapter. S’alimenter devenait tout un art pour contrer les nausées, pour parer la diarrhée, un bol de chocolat que j’aurai englouti un jour devenait, à cause des turpitudes de mes intestins, indésirable le lendemain, je devais soudainement bannir une réconfortante soupe de vermicelle en raison de sa capacité à aggraver les irritations provoquées par les mucites.

Et puis, il y a tout le reste comme devoir faire le ménage et la cuisine avec des gants en caoutchouc pour garantir le vernis de mes ongles fragilisés par les produits de la chimio, tout autant que de protéger mes mains de micro blessures susceptibles d’héberger bactéries et microbes en passe de me faire vaciller (en cause, mon système immunitaire en berne). Je ne peux aussi qu’entreprendre des tâches courtes afin d’éviter que la fatigue m’assaille. J’ai dû tout autant changer de gel douche surgras, car écœurée par l’odeur de rose de celui acheté pour l’occasion. Tout devient complexe et doit faire l’objet de réflexions. Mon sommeil que bien trop souvent aléatoire, n’aide pas à récupérer, mon esprit s’enlise encore dans les maux tout autant que les mots de cette saloperie de maladie.

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Novembre obscur

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

« Bonjour, c’est J., le staff a décidé d’avancer votre rendez-vous du 13 au 07 c’est possible pour vous ? ».
« Oui c’est possible pour moi ».
Le lendemain une autre personne me demande de décaler ledit rendez-vous, me propose deux créneaux, je choisis le plus proche. Le 05 à 15 h 45. Une fois l’impression dissipée d’être, encore une fois, un pion sur l’échiquier de leur organisation, mon esprit, jusqu’au plus profond de mon sommeil, échafaude mille raisons en sable pour justifier les revirements. Aucune ne survivra à mon inquiétude. Le mercredi, le médecin nous reçoit avec une heure de retard nullement flagellée d’excuses.
À peine assis, il m’affirme bien plus qu’il me demande que mon retour à domicile s’est bien passé s’exonérant sans doute de possibles plaintes de ma part, et commence ensuite la lecture sur son écran du résultat de l’analyse de la tumeur, s’arrête au milieu d’une phrase, se retourne, fouille dans une maigre pile de feuilles, sort du bureau chercher le compte-rendu complet, revient, expédie la bonne nouvelle que les ganglions sentinelles ne sont pas cancéreux avant de me dire qu’une « reprise de berges » est nécessaire. En termes plus communs, je dois « repasser » sur le billard afin qu’il prélève plus de matières autour de la tumeur précédemment retirée.

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Octobre noir

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Ça pue Nathalie, ça pue. Une petite voix dans ma tête me crie la formule aussi fort qu’une autre moins tenace se défend bec et ongle pour l’anéantir. Les trois mots s’incrustent, ils tapissent mon esprit dans les allers-retours entre la machine et le vestibule aux dimensions d’un placard. La suite est floue. Une échographie, des visages compatissants, mon pull à rayures blanc et bleu que j’enfile sans réfléchir, deux silhouettes blanches au bout du couloir sombre que je parcours les yeux cloués au sol, ma peur livrée à Gilles, l’échange aussi court qu’étouffé entre deux secrétaires, la salle d’attente désertée, ma gorge sèche, des regards gênés. Ils m’évitent. Une semaine et un jour plus loin, le rendez-vous pour une biopsie est fixé. 8 heures du matin. 8 heures, c’est bien, c’est tôt, ça ne laisse pas le temps de penser.
Certains intervalles d’avec ce jour s’effacent, ceux de mes pleurs inondant l’ordinaire demeurent. L’examen se déroule sans encombre, on me demande si je n’avais pas senti le nodule avant la mammographie. Non, je n’avais rien ressenti. L’interrogation trop de fois répétée m’exaspère, elle me fait passer le temps de son énoncé du banc des victimes à celui des accusés.
 

 

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C’était mieux avant

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

C’était mieux avant. Qui n’a pas prononcé l’affirmative bien souvent enveloppée de nostalgie, qui n’a jamais espéré fouler encore ses terres d’antan embaumées de bonheurs surannés ? La réflexion est venue se poser aux abords de ma pensée alors que mon mari me relatait le contenu d’une rencontre qu’il venait d’avoir avec d’anciens collègues. Ces derniers l’avaient questionné sur une rumeur évoquant le fait qu’il puisse reprendre ses anciennes fonctions quittées il y a environ trois ans.

En effet, si la tournure est venue chatouiller mes neurones, c’est parce qu’elle semblait embaumer l’anecdote du désir que mon mari réintègre ses anciennes fonctions. Mais pas seulement. Lors d’échanges fortuits, des propos aux mêmes objectifs se suspendaient aux lèvres des aspirations d’une poignée d’individus, et ce de manière aussi immuable que Noël s’affiche au calendrier tous les ans le 25 décembre.

Même si l’aspiration ne se formulait pas systématiquement de manière aussi concrète, elle s’infiltrait dans des remarques de lassitudes embuées de démoralisation. « Les projets n’évoluent pas depuis que tu es parti », « nul ne s’oppose aux directives sans sens », etc. « Mais il te regrette encore ? » est la seconde réflexion qui me soit venue.

Au vu des faits, cela semblait être la réalité.

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