La peur

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Cela n’aura échappé à personne qu’une des émotions à laquelle nous avons tous été confrontés pendant la pandémie est la peur. La peur d’être malade, celle de souffrir, celle de perdre un proche, celle d’être isolé. Toutes nous ramènent à une seule, une archaïque. La peur de mourir. Au fil des mois, cette crainte de disparaître, fondée ou non, face à un ennemi invisible a été entretenue de manière magistrale par les médias pour faire du buzz, par ceux qui nous gouvernent pour nous soumettre. Dans l’ombre des pouvoirs et des intérêts autant communs que partagés, je ne peux qu’imaginer que de sombres liens de complicité se sont tissés entre les deux parties. Même si je pense que l’objectif de nos dirigeants n’était pas dès le début d’utiliser cette peur pour faire obéir une majorité d’entre nous, l’idée a germé dans leurs esprits de fous au cours des semaines, des variants et des obéissances.

Pour manier au mieux cette arme par destination, le sentiment a été, dans un premier temps, véhiculé par le biais d’un décompte macabre, celui des personnes décédées du COVID dénombrées chaque soir par un individu au féroce surnom de croque-mort. Happés par l’écran de télévision, des milliers de Français s’absorbaient dans son ton de voix monocorde, engloutissaient ses chiffres, ses recommandations dans le même temps que leur potage refroidi. Elle a ensuite été relayée par des sachants, avec, accrochées aux lèvres, des menaces dégoulinantes d’une fin imminente de l’espèce humaine si l’on ne portait pas le masque, si l’on n’utilisait pas régulièrement du gel hydroalcoolique, si l’on ne respectait les distanciations sociales, si l’on ne se pliait pas au télétravail, si l’on partageait le repas de Noël à plus de six convives par tablée, et si, et si. Quelques mois plus loin, ces mêmes personnes proclamaient haut et fort que le danger serait déplacé dans le rayon des mauvais souvenirs dès lors que la majorité des habitants de l’hexagone serait vaccinée par une substance providentielle. Deux injections espacées d’à peine deux mois.

Alors que beaucoup nous avaient juré la main droite posée sur le Vidal, la gauche sur le portefeuille nourri par les laboratoires, que ces dernières suffiraient à éradiquer le malin, l’obligation d’une troisième dose a surgi sur des bases aussi opaques que l’efficacité du produit proclamé comme miraculeux. Il y a eu par la suite de multiples mensonges diaboliques, pas moins de revirements pernicieux comme bon nombre de suppressions des libertés pour tenter de maintenir cette crainte tel un rapace au-dessus de proies, nos existences de plus en plus malmenées.

Face à cette peur, chacun d’entre nous a composé, compose encore, composera toujours demain, et ce de manière différente. Certains obéissent aux injonctions des gouvernants et quand parfois soumis au souffle du doute, leur conviction frémit, ils font le choix de se raccrocher aux bandeaux défilants des informations en continu plutôt que de faire appel à leur sens critique. Ils s’exemptent de la sorte de leurs propres craintes, celles de risquer de chuter dans d’angoissantes expectatives faites de blouses blanches, de perfusions et d’oraisons funèbres. D’autres épousent les recommandations administratives et médicales tout en diffusant à voix basse leurs soupçons sur le bien-fondé de celles-ci. « Oui, mais les effets secondaires du vaccin on ne sait pas trop », « Le passe sanitaire est un outil électoral », « S’ils (les membres du gouvernement) sont dans le vrai… », etc. Ils essayent de faire cohabiter leur allégeance avec leurs indécisions qui parfois leur ôte le sommeil, et dans le même temps de s’adapter à un large panel d’opinions. Et puis il y a ceux qui optent pour la désobéissance aux règles, au chef de la nation, au père symbolique qu’il représente. Leurs comportements n’impliquent pas l’absence de peur susceptible à démontrer une inconscience, ils affichent un dépassement de celle-ci ainsi que des capacités de confiance en mesure de savoir faire face à leurs propres démons. Il va sans dire que tous nos agissements ne sont pas gravés dans le marbre et sont à même de fluctuer en fonction de mouvements intérieurs, au regard d’agitations extérieures. Chacune de nos manières d’être, de nos limites et de nos acceptations parle de nous, nous renvoie à ce que nous sommes, à ce que nous désirons être. Elles sont aptes à nous questionner sur nos croyances dépendantes de nos peurs, de notre éducation, de nos apprentissages ainsi que du comment nous avons évolué en fonction de ces éléments.

Par exemple, je peux penser que dès lors où un individu a été un enfant sage et obéissant, il adoptera une attitude analogue face à un supérieur hiérarchique, à une décision gouvernementale. Cette illustration peut évidemment aller à l’inverse de mon raisonnement dans la mesure où cette même personne se positionnerait dans des courants contraires aux principes qui l’ont fait grandir, car rétracteur à ces derniers. Autre exemple. Une personne se pliant à toutes les directives tout en les remettant en cause à bas bruit démontre sans doute l’hypothèse qu’elle demeure être très proche de ceux qui lui ont permis d’être qui elle est, tout en marquant son détachement vis-à-vis d’eux. Signe fort d’indépendance et d’autonomie. Ces schémas sont bien évidemment à mettre en perspective avec le contexte de la pandémie et de ses engendrements. Il n’y a pas d’attitude louable, une plus méritoire que l’autre. Avoir conscience de ce que nous vivons et mettons en place afin de traverser le moins difficilement possible ces moments de vie semble être l’essentiel. Nous évoluons à nos propres rythmes de conscience. Dans la même veine, tous ces épisodes posés au pied de nos existences sont à même de nous faire réfléchir sur nos libertés premières, celle de pouvoir nous déplacer librement, celle d’avoir le choix, celle de nous exprimer, etc.

Nos décisions d’être et d’agir, élaborent la société de demain.

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