Changer, c’est commencer une révolution

Rédigé par Nathalie Legrand - - Aucun commentaire

Telle une continuité de mon billet d’humeur précédent, j’avais envie de coucher sur le papier (ou plutôt sur l’écran) quelques analyses concernant les publications de demandes d’aides, de conseils, que j’ai tout à loisir de parcourir sur les groupes de développement personnel. En effet, à bien les lire, presque à les disséquer, ces confidences à ciel ouvert démontrent beaucoup plus de choses sur ceux qui les postent, que les apparences veulent bien le laisser paraître. Alors oui, mon unique référence pour mes écrits sera encore une fois les réseaux sociaux. Mais ceux-ci ne seraient-ils en passe d’être le reflet de « la vraie vie », puisqu’il faut bien l’avouer, la vraie vie, celle de dehors, n’existe plus vraiment. C’est juste qu’elle fait semblant, et ce depuis des mois.
Pour en revenir au cœur du sujet, je me suis tout d’abord penchée sur les publications du dimanche soir. Au-delà d’exprimer un mal-être, ces dernières dégagent un blues, un vague à l’âme (sans doute) chronique qui amènent les personnes à déposer leur mal-être que l’on peut presque deviner, entre les mots et les non-dits, existentiel. Ces écrits, je les pressens souvent empreints d’espoirs tout autant que de résignations. Un espoir chevillé au corps, une résignation agrippée aux tripes. Qu’est-ce qui m’amène à penser une telle conclusion ? Un remerciement laconique presque retenu et encore quand il existe, une impression floue aux allures de réalités d’être moi-même aussi passée par là.

 

Et puis, il y a celle ou celui qui connait sa problématique par cœur. Un individu sans distinction de sexe qui, tel l’entomologiste étudiant une espèce en voie d’apparition, a été capable d’analyser seul, son propre mal-être. Il sait en décrire avec minutie la récurrence, avec méticulosité les symptômes, et sans scrupules, usé de mots aussi puissants que poignants, qui, je le soupçonne, prennent leurs sources dans des souffrances qui viennent de loin. Cet être n’est certain que d’une unique et en même temps, fragile volonté, celle de ne plus vouloir cohabiter avec cette partie de lui-même, devenue avec le temps, bien plus qu’encombrante.
Une troisième spécificité se dégage tout autant de l’ensemble des publications. De temps à autre, une personne née fille ou garçon, qu’importe, poste, telle une bouteille à la mer, une demande d’aide. Cette dernière demeure vague et n’est uniquement définie que par la détermination de vouloir un professionnel de l’accompagnement. De là à penser que l’individu aspire à ne jamais trouver de solution à sa problématique, il n’y a qu’un pas. De là à imaginer qu’il espère inconsciemment que sa démarche n’aboutisse jamais, il n’y a qu’une petite foulée. En effet, la conséquence d’un tel flou est qu’un déferlement de réponses, plus ou moins troubles, se presse sous sa publication et puisque trop de choix tue le choix, il est aisé de penser que ladite personne ne franchira pas (en tout cas dans l’instant) une quelconque ligne d’un passage à l’acte.


Il est tout autant honorable d’observer que de multiples quidams déposent leur mal-être, qui par ailleurs a déjà été moult fois évoqué. Cela concerne en général les mêmes thématiques telles que la timidité, le manque de confiance en soi ou bien encore le désir de changer de vie. Ce qui m’interpelle, m’interroge voire me bouscule dans ces démarches qui en somme n’en font qu’une, c’est que ces personnes n’ont pas eu la curiosité et le désir d’aller investiguer ici et là afin de trouver une réponse ou tout du moins des pistes à réfléchir. Seraient-ils tellement envahis par leurs souffrances, absorbés par leur propre inquiétude et peut-être même par celle de leur entourage qu’ils ne sont pas et/ou plus en mesure d’aller chercher ailleurs ? Si cet état de fait, en effet, me bouscule, c’est parce que moi-même, je me suis retrouvée, il y a quelques années de cela dans cette position. Malgré tout, mon esprit quelque peu polémique m’oblige à ne pas ranger trop rapidement mon analyse sur l’étagère des généralités. En effet, il m’arrive de penser que ces comportements relèvent de la disposition de ne pas avoir envie ou bien de ne pas avoir l’habitude de bien vouloir se donner la peine de chercher, d’être curieux et si je pousse mon raisonnement un peu plus (à l’extrême ?) de vouloir aller mieux. Telle une résolution que l’on prendrait le Premier de l’an pour mieux l’abandonner quelques découragements plus tard. De telles attitudes parlent, hurlent même, sans le dire, du frêle engagement de la personne désirant se décharger du poids de son mal-être, ennuyeux, certes, mais pas au-delà.
Et puis pour finir, il existe aussi la personne qui poste régulièrement ses mal-être et ses questionnements sur différents groupes et ce dans des intervalles de temps réguliers. Généralement, de nombreuses réponses de mises en œuvre lui sont proposées et puis un jour au détour d’une énième publication aux allures de supplique, des propositions d’accompagnements surgissent en lieu et place de suggestions concrètes. Et là, je ne peux m’empêcher d’y voir un message subtil glissé par l’univers sur le fait qu’il est peut-être temps pour cette personne de s’engager dans un travail sur elle-même, un travail en profondeur, douloureux assurément, mais ô combien nécessaire.


Mes propos sont là pour montrer que la porte d’entrée des postures mises en avant pour demander une aide peut être tout à la fois étroite et grande ouverte. Grande ouverte par le fait que toutes les publications ont été livrées à cœur exhibé et à âme déployée. Et étroite, dans la mesure où elles transpirent des craintes tout autant que des espoirs de changement. Les résistances pour la majorité inconscientes, sont alimentées, nourrit voire dévorées par les peurs (du regard de l’autre, de l’échec, du lendemain, etc.) ou toutes autres émotions négatives que tout un chacun passe son temps tantôt à mettre à distance, tantôt à choyer (selon les circonstances, par habitude, par loyauté, par bien-pensance, etc.). Si nous agissons ainsi, c’est parce que nos manières d’agir, si inconfortables qu'elles puissent être (par moment), sont des repères qui participent à notre sentiment de sécurité. Il est alors bien légitime de penser que des interrogations peuvent ainsi venir décourager le début d’un élan. Qu’adviendra-t-il si nous les abandonnons ses repères ? À quoi allons-nous nous raccrocher ?


Et puis, il existe aussi les hésitations, celles qui répondent à la question primordiale, qui elle aussi ne rejoindra pas l’étagère, de plus en plus désertifiée, des généralités. Par où commencer ? Dois-je aller m’allonger sur un divan ? Pousser la porte d’un psy ? Aller voir un coach ? Qui sera à même d’entendre et de comprendre mon mal-être ? De m’aider ? Et puis peut-être que quelques lectures de livres de développement personnel suffiraient à m’aider finalement.
C’est bien pour ces quelques interrogations et ces diverses raisons (quelques-unes parmi tant d’autres), que passer le cap d’une remise en question, d’un cheminement, d’une révolution, ne s’avère pas forcément aisé.


Je terminerai ce billet d’humeur avec les propos de Jacques Salomé. Il faut savoir que je me reconnais pleinement dans ceux-ci.
Changer, c’est commencer une révolution, dont les impacts demeurent toujours imprévisibles. C’est ouvrir la porte à des aspects de nous qui sommeillaient, et qui vont s’exprimer, parfois sans ménagements, provoquant, outre notre étonnement, un appel de vie, nouveau. Le courage d’être soi va naître d’une lutte contre nos conditionnements et habitudes, d’une plongée dans nos zones d’ombre et surtout d’une confrontation avec nos culpabilités, avec la peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir aimer ou de mal aimer. Le courage d’être soi est une conquête qui doit se confirmer chaque jour, il est l’aboutissement d’un cheminement semé de découvertes et de déceptions, d’enthousiasme et d’obstacles. Il s’appuie sur le dépassement d’un certain nombre de leurres et de croyances erronées.
Le courage d’être soi va s’imposer parfois à nous comme une nécessité, celle de sortir de la survie, pour naître enfin à la vie.

 

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