Joyeuses Chimios Rédigé par Nathalie Legrand - 19 janvier 2025 - Aucun commentaire Nausées, fatigue, diarrhée, épuisement, bouche pâteuse, sensibilité accrue à certaines odeurs, chaque effet secondaire de la chimiothérapie semblait patiemment s’essuyer les pieds sur le paillasson de mon existence avant d’y pénétrer sans y être invité et ce dans la ferme intention de la mettre à mal, de me mettre ko. Dans une attente perverse, une fièvre à plus de 39 degrés puis des inflammations buccales se sont invitées à une fête organisée sur les restes de mon être. Dans cette joyeuse ambiance (ironique), certaines choses sont devenues secondaires comme les douleurs postopératoires liées à la pose de la chambre (dispositif nécessaire à pouvoir injecter les produits de la chimiothérapie), et ce malgré le fait que l’implantation du dispositif ne se résume en un seul terme : barbare. Pour chaque invité, il a fallu s’adapter. S’alimenter devenait tout un art pour contrer les nausées, pour parer la diarrhée, un bol de chocolat que j’aurai englouti un jour devenait, à cause des turpitudes de mes intestins, indésirable le lendemain, je devais soudainement bannir une réconfortante soupe de vermicelle en raison de sa capacité à aggraver les irritations provoquées par les mucites. Et puis, il y a tout le reste comme devoir faire le ménage et la cuisine avec des gants en caoutchouc pour garantir le vernis de mes ongles fragilisés par les produits de la chimio, tout autant que de protéger mes mains de micro blessures susceptibles d’héberger bactéries et microbes en passe de me faire vaciller (en cause, mon système immunitaire en berne). Je ne peux aussi qu’entreprendre des tâches courtes afin d’éviter que la fatigue m’assaille. J’ai dû tout autant changer de gel douche surgras, car écœurée par l’odeur de rose de celui acheté pour l’occasion. Tout devient complexe et doit faire l’objet de réflexions. Mon sommeil que bien trop souvent aléatoire, n’aide pas à récupérer, mon esprit s’enlise encore dans les maux tout autant que les mots de cette saloperie de maladie. Je fais faire ma deuxième chimio dans quelques jours, le lendemain de Noël, dans un paradoxe que certains pourraient juger comme masochiste, il me tarde pratiquement d’y être, et ce afin de pouvoir la barrer de la liste des suivantes. Je ne décrirai pas en détail entre ces lignes ce qui ce passe derrières les lourdes portes battantes, ce lieu aux gardiens bienveillants que je nomme l’enfer, il demeure juste à en conserver l’idée que des hommes et des femmes aussi banales qu’extraordinaires partagent un même combat, celui de la vie. J’y pénètre sans alliance, et ce pour ne pas y faire entrer mon mari. Je l’épargne. Il partage et supporte déjà bien assez de souffrances. Je vais, entre les deux cures, entreprendre un acte loin d’être bénin à mes yeux, me faire raser les cheveux, je sais qu’ils vont tomber dans les prochains jours et ne veux en aucun cas les voir s’éparpiller dans la douche ou sur mon oreiller. Les jours suivants sans cheveux s’écoulent. Je fuis dès que possible mon reflet dans le miroir. La seconde cure est terminée, comme la précédente je me bats pied à pied contre chaque effet secondaire, tel un boxeur pare les coups, je les guette, les anticipe, les contre, un jour pousse l’autre entrainant avec lui d’autres nouveautés inconfortables à vivre. C’est une épreuve autant physique que psychologique. Je suis fatiguée. Vous avez aimé cet article ? Alors partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :